Carnets de voyage

Un pays dans un pays

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Pourquoi ce spot ?

Mon humeur : reconnaissante

L’avantage de l’Indonésie, c’est qu'au sein d'un même pays, on a plusieurs ethnies et cultures de par l’isolation des populations locales sur les différentes îles. C’est ce qui fait toutes la complexité et le mystère de l’archipel : on veut tout savoir sur chaque peuple, quitte à devoir prendre un avion, train, bateau, bus ou scooter pour aller à leur rencontre. La Sulawesi est l’une des plus grosses îles de l'Indonésie, et comporte en son centre une région nommée Pays Toraja : on dit que c'est un pays dans un pays. Pourquoi ça ? Cette région est-elle si différente ? en quoi ? pourquoi ? Ni une ni deux, un sac de trekking sur le dos et une carte dans ma poche, me voici à l’aéroport, direction Makassar au Sud de l’île. On est mi-mai, la saison des pluies est terminée, je vais pouvoir en profiter pour en faire un maximum à pied !

Mon itinéraire

Mon programme jour par jour

Arrivée à Makassar, un chauffeur m’attendait pour me conduire au Pays Toraja. Ici, ce dernier porte le nom de Tana Toraja : cette redondance de 'T' et de 'A' résonne comme un roulement de tambour annonçant mon arrivée à Rantepao, et la rencontre avec mon guide francophone, Anis. La matinée débute sur les chapeaux de roues ! Anis m’emmène au "passar boulu" de la ville : un immense marché où l’on peut trouver fruits et légumes, café et sucre, pâtisseries, mais aussi poissons et viandes. Le tout recouvert par une bâche multicolore, donnant une ambiance joyeuse où fusent des couleurs orange, jaune, vert et rouge !Cependant, ce n’est pas vraiment là que réside le secret de ce marché, mais bien un peu plus loin, à l’arrière. Il faut alors sortir et suivre ces camions transportant de gros animaux à cornes... pour atterrir sur une place aux mille et un buffles ! Si certains mangent à l’ombre, d’autres se font shampouiner paresseusement. Le thème est lancé : ce sera à qui a le plus beau, le plus propre et le mieux coiffé des bovins ! Pensez-vous... leur prix dépend de la couleur de la robe, du placement des taches blanches sur leurs joues, de la couleur de leurs yeux, de la forme et de la longueur de leurs cornes, mais aussi de l’implantation des épis de poil sur leur front ! Vous me direz : mais à quoi bon ? Eh bien, le buffle est un élément central de la culture des Torajas .Pour ma plus grande surprise, tout est calme, aucun animal n’est stressé ni ne semble s'énerver. Le seul son que l’on entend et qui entrecoupe celui de l’eau qui coule, est le grognement des cochons. Il faut dire que ces derniers sont en mauvaise posture : on les attache sur un lit de bambou afin de les transporter en scooter ! Comme Obélix portant ses sangliers, les habitants achètent leurs cochons principalement pour les cérémonies à venir. Le moyen de transport le plus simple est alors de les attacher pattes liées.  

Sur le marché, on achète des bananes et autres fruits avant de prendre la route pour rejoindre le point de départ de 5 jours de randonnée.

Il me faudra trois heures pour cesser de me demander que peuvent bien être ces formes bizarres qui sortent tout droit de la végétation au loin et enfin comprendre que ce sont les toits des maisons. Si ces dernières ressemblent à des bateaux, c’est toutefois en l’honneur des cornes de buffles que les Tongkonan (maisons du pays toraja) adoptent cette forme. Cette architecture ancestrale aide à la circulation de l’air, et permet de diminuer l’humidité de la maison, en plus de baisser la chaleur. Mais une vision bien plus culturelle explique aussi la forme particulière de ces maisons.

En effet, les Torajas - un mot qui signifie "montagnard" en sanskrit - ont une société très hiérarchisée : chaque personne appartient à une classe selon son jour, sa date et son lieu de naissance. Leur monde est aussi divisé en trois niveaux : le monde supérieur, symbolisé par les toits en forme de corne de buffle plein de courage force et force divine ; le monde des humains dans le corps de la maison à proprement parler et enfin, le monde inférieur se situe sous le sol. En questionnant mon guide, je me rends compte que la vie est rythmée selon les festivités qui marquent la vie d’un Toraja, tout particulièrement les cérémonies mortuaires. Si, chez nous, nous faisons au plus vite pour rendre hommage à nos êtres chers, ici on garde le corps embaumé jusqu'à un mois dans une partie de la maison, le temps de préparer les festivités. C’est à ce moment-là que le buffle entre en jeu. Plus la personne est importante, il y aura de buffles sacrifiés et plus ces buffles coûteront cher. Le buffle albinos étant le saint Graal. Les âmes des bovins, mais aussi des cochons, vont alors accompagner l’âme du défunt jusqu’au Paradis... Si la scène est sanguinaire, aucune cruauté, ni violence n’en ressort : c'est leur rôle un point c'est tout. Toutes les générations assistent à la mort de l’animal, même les touts petits ne montrent aucun signe de dégoût. L’importance est de montrer comment on sacrifie cette force de la nature car on aime et respecte inconditionnellement celui dont on célèbre la mort en ce jour. Avant ce sacrifice, le défunt est considéré comme endormi.

  Au fil des jours, j’apprends à comprendre cette relation à la mort avec fascination, tout en savourant la gentillesse et la remarquable ouverture d’esprit de ces habitants. Il faut vraiment que vous veniez voir ça de vos propres yeux !

Mes activités

La randonnée

La marche est, de loin, le moyen le plus pratique pour rejoindre les différents villages du pays Toraja, très reculés. Elle permet de s'immerger dans la végétation luxuriante des alentours, et de prendre son temps pour découvrir les détails de ces rizières en terrasses, immenses, qui détrônent à mon goût toutes celles de Bali. En arrivant à pied dans ces villages, on peut facilement échanger avec les habitants, et dormir chez eux pour un voyage en totale immersion !

Le rafting

Le rafting permet de découvrir les lieux tout en s'amusant ! Être sur un bateau gonflable et pagayer au rythme des courants est une aventure à tester, et puis cela permet de se sentir vraiment seuls au monde. Dans le lit d'une rivière, on voit obligatoirement les paysages d'un œil bien différent et on découvre la faune sauvage dans son environnement !

Faune et Flore

Exotique, étonnante et sauvage

Ce voyage m'a permis de voir des animaux assez inhabituels pour moi. Par exemple :
  • les buffles du marché évidemment, avec leurs immenses cornes et leur robe soyeuse
  • des canards sauvages et chauve-souris
  • des iguanes d’eau pendant le rafting, qui nagent et utilisent leur crête dorsale comme dérive. Ha-llu-ci-nant, et inoffensifs je vous rassure puisqu'ils ne mangent que des algues, des plantes et des fruits en plus de quelques restes de poissons ;)